voiture novembre Seraphine
- Tu adores ça… Avoue le. Tu auras le droit de le savoir… Quand on sera arrivées.
Le visage du démon affiche ses dents acérées dans ses sourires silencieux mais corrompus.
Polly, t’es pas croyable à tirer ton amie dans les pires situations possibles, mais il faut croire que ça t’amuse de la torturer, mais il faut croire que tu retiens rien quand tes tympans finissent pétés. A chaque fois c’est la même chose, tu t’amuses à la surprendre et en échange elle te noie sous ses torrents de larmes, elle t’assomme de ses cris : probablement sa seule arme. Dans tes maintes et maintes tortures tu la condamnes. Tu fais toujours tout sans état d’âme. Pourtant, tu ne la détestes pas. Séraphine est quelqu’un que t’apprécie, tu n’y songe jamais, puisque jasent les idées jouant avec tes sentiments. Seulement, si tu ne l’aimais pas tu ne serais pas venue la chercher, tu ne serais pas venue faire valser ses émotions en suspension dans ton carrosse.
- Tu le sais pas déjà ? Mais non… On va pas mourir. T’inquiètes.
Tu te marres Polly, comme à chaque fois. La mort c’est qu’un fantasme et ce n’est pas encore ton heure. La mort c’est sûrement comme les rêves, à tout les coups tu verras rien : alors autant vivre une dernière fois avant la fin. Peut-être qu’il n’y a rien, alors ça ne changera rien à tes actuelles nuits, autant dire que tu t’es rien promis, t’as pas d’attente de cette drôle de descente. D’ailleurs quand t’es dans ta bagnole, t’es toujours confiante, assurée, tu n’as pas peur de frôler le danger. Quoi qu’il arrivera, tu te seras amusée, quoi qu’il arrive tu auras oublié les années passées dans les labo à tenter de disséquer des rêves invisibles.
T’as rendu ta vie plus risible.
- Ce ne serait plus une surprise… Du coup.
Les lampadaires continuent de défiler dans les allées de la cité, ils surplombent la caisse et vos visages. Les panneaux publicitaires défilent sur les côtés, comme les bâtisses qui encadrent de leurs dernières lueurs le paysage. Tout ça, tu n’y fais pas attention, il n’y a plus que la route : le chemin goudronné qui sillonne entre les trottoirs, les panneaux, les feux tricolores et les giratoires. Polly observe tout rapidement : pour pouvoir faire ses glissades au meilleur moment. Il faut avoir les réflexes éveillés pour éviter les potentiels accidents. La musique qui hurle à foison est gênée par un cri strident, celui de Séraphine mais cela ne provoque aucun étonnement.
- T’inquiètes pas. Ça va bien s’passer.
Polly accélère puis quand le virage arrive vraiment elle se met à appuyer se frein et fait crisser les pneus, une fois. La voiture laisse des traces sur la chaussée, mais vous ne le verrez pas. La voiture a déjà filé comme un voleur et ne risque pas de faire demi-tour avant d’arriver.Ton sourire est confiant et t’adore ce moment. Dans ton corps l’adrénaline fonctionne comme un médicament. Tu files à toute allure, sans avoir réellement peur des autres caisses : ils te laissent souvent passer, te prennent pour un chauffard (c’est ce que tu es, l’accélérateur comme poignard). Les ongles dans ton bras ne te font pas si mal que ça (que tu crois), alors tu glisses dans sur la grande allée une seconde fois, comme si t’étais poursuivie par la police. Puis c’est une troisième fois que le bolide abîme les pneus contre le sol : tu ne peux pas t’en empêcher, t’es contre les lois. Puis tu dois ralentir et t’arrêter… Pendant quelques secondes seulement, tu laisses à Séraphine le temps de respirer alors que toi, Polly, t’as tellement envie de continuer à t’amuser. Votre soirée ne fait que commencer et vous avez toute la cité à traverser.
- Bien accrochée Séra ?
T’attends pas une réponse positive. En fait, c’est simple, tu continueras quoi qu’elle dise, parce que tu sais qu’au fond tu la fais vivre, tu la fais sortir de ces rêves. T’as pas besoin de plus, ça lui fait passer un bon moment : c’est le temps de la trêve.