Musique – La chaleur d’un foyer émanant d’un chauffage d’appoint, de l’odeur alléchante d’un thé vert au jasmin, alors qu’un plaid couvre un corps en pleine lecture. Les yeux parcourent les pages, les avalent comme une lampée provenant d’un mug toujours posé sur la table basse. Lire, encore et encore, était un passe-temps pour oublier, échapper au quotidien. La curiosité l’avait poussé à attraper un roman cette fois-ci, seulement, l’homme ne pensait pas être confronté à un monde qu’il avait autrefois côtoyer de trop prêt. La chambre des officiers de Marc Dugain, les gueules cassées, les affres de la guerre, le deuil, la perte. Lire la quatrième de couverture avant de prendre un bouquin au hasard à la bibliothèque de la faculté serait une riche idée. Profond soupir, c’est en entamant un énième chapitre un peu plus démoralisant que le précédent, que l’homme se redresse de sa couche, terminant sa tasse de thé, coupant le chauffage et enfilant une tenue un peu plus adéquate pour sortir.
Pour une fois depuis longtemps, Akira souhaitait retrouver son “lui” d’antan.
Celui qui ne se souciait de rien, qui préférait s’amuser que de cogiter.
Un souvenir mort depuis des années maintenant.
Un jogging noir, large, des rangers de la même couleur, une chemise à carreaux rouges et noir ; un sourcil est arqué au constat de la sobreté de sa garde robe. Le noir était devenue la teinte qui englobait sa vie. Un enterrement fait de noir, une escapade faite de noir, un white space fait de noir. Un sourire mince étire ses lèvres, secouant sa tête de dépit à cette pensée ; c’est dans un mouvement un peu plus brutal qu’il ne l’avait souhaité, qu’il décroche son sukajan fétiche ; une référence datée ; que les puristes pouvaient connaître si cette culture les intéressaient. “Good for health, Bad for education.” Un vêtement bien de chez lui ; Akira, enfile la jacket de Kaneda ; œuvre dont il porte le prénom.
Il y en a qui naissent avec la tragédie dans le sang.
Un craquement de nuque, tignasse qu’il manipule avec difficulté, l’homme s’attache sa crinière en une queue de cheval pour le moins hirsute, incapable de dompter ce qui jonchait son crâne. En roue libre, elle n’en faisait qu’à sa tête ((et c’était le plaisir d’Hana que de les lui coiffer chaque soir…)) Un pincement, un tiraillement. Son casque bluetooth est attrapé à la va-vite, ses clés et son portefeuille suivent le même chemin, à savoir, ses poches et c’est dans la précipitation qu’il quitte son appartement. Ses pas savent très bien où le conduire, Underground ; l’insomnia club ; les réminiscences d’un passé de flic qui y’a passé plus de temps à arrêter des suspects qu’à réellement profiter de l’ambiance.
Évitez les endroits bondés, les mouvements de foules et les lieux étriqués.
C’était les lignes de son code de conduite, les règles qu’il avait acté et qu’il se devait de respecter.
Tout ça pour pouvoir aller de l’avant, en fuyant ce qui était un PTSD.
Il était l’heure pour lui de combattre ses démons, de les confronter.
La musique se lance et il monte le son au maximum. Les paupières se ferment sous la douleur que cela lui procure, mais l’homme n’en a que faire. Il savait très bien que, dans ce club, cela serait bien pire ; autant s’y préparer. Niquer ses oreilles pour retrouver la douce sensation des acouphènes au réveil ; détruire des tympans à coup de basses, de son aigus, strident et parfois grave. Préparer pour se malmener de toutes les façons possibles, des oreilles jusqu’au foie. Le sourire s’ancre, mais les yeux ne suivent pas ; c’est un rictus de façade qui s’ancre à ses traits, à son faciès cernés de noirs. Un jour peut-être, trouvera-t-il à nouveau, les joies que procure le repos, le sommeil.
C’est en pénétrant dans l’antre que le casque est ôté. Que les yeux scrutent chaque recoin, les sourcils froncés. Le bruit est aussi puissant que dans ses souvenirs, si ce n’est pire. Les années ont passé et les gens fréquentant l’endroit devaient être des habitués ; sourds. C’était obligé. Mains dans les poches, l’homme s’avance, esquive de façon nonchalante les gens qui déambulent, comme des funambules dopés au whisky ou à la vodka. Les senteurs de chaque personne ici étaient différentes, les sens de l’ancien inspecteur tournent comme un moteur à plein régime ; entre drogue, alcool, eau de cologne, transpiration, il y avait là, un parfait cocktail.
C’est en relevant la tête sur le comptoir qu'il finit par t'apercevoir.
Tu n’as pas changé d’un poil.
Et le sourire s’étire, les yeux s’allongent, le masque est tombé.
Le rictus est vrai, incalculé.
Jude Adkins. Les paupières se ferment alors que son fessier vient de se poser sur un tabouret. Les mains ont quitté ses fameuses poches, accoudé au bar, la joue posée sur un index replié avec légèreté, les mots virevoltent, s’échappent de sa trachée.
J’aurais dû me douter que je retomberai sur toi si je venais ici. Combien de fois vous étiez-vous vu à l’époque ? Combien de fois l’avais-tu aidé pour une enquête ?
Cela fait un moment, pas vrai ? Que deviens-tu ? La question pourrait être retournée, comme un changement de sens lors d’une partie de uno endiablé. Seulement, Akira n’est pour le moment pas disposé à subir un interrogatoire et il sent dans tes yeux, que des questions sont posées, sans pour autant être énoncées.
Sers-moi une pinte de bière pour commencer, une Délirium, s’il te plaît. Toujours accoudé, il attend, patiemment, un peu estomaqué de t’avoir en face de lui.
Mais en aucun cas choqué, ni déçu. Bien au contraire.
C’était des retrouvailles très appréciées.
@Jude Adkins // et enfin, peut-être, allons nous réussir à RP ENSEMBLE BORDEL ? XDDD amour sur toi bae ! ♡