monde onirique decembre lily
A la sortie de la white space, Dillon se trouve dans un nouvel espace : terminé les milles et une cages, volent au dessus de son crâne d’étranges et épais nuages. Elle est arrivée dans une cité banale en solitaire. La commune stagne dans le calme et le silence, c’est suicidaire. Les chaumières sont alignées le long des chemins, alors que les pupilles dilatées de Dillon sillonnent pour examiner les sentiers : elle est seule, il n’y a rien, un désert urbain qui ne se termine, en vain.
Dans les yeux de Dillon, il n’y a ni émerveillement, ni tendresse. Un manque d’engouement, un premier signe de détresse. Elle embrasse le désintérêt à observer cette ville dépeuplée, silencieuse et isolée. Elle a connu ces milieux ruraux que l’on a déserté, habités seulement par quelques anciens déjà résignés. Ce village est mort, mais elle aimerait avoir tord. Tout le monde semble s’être enfuit, ou peut-être que c’est un espace où n’a jamais vraiment existé la vie. La population s’est envolée et tout ce qu’il comporte est laissé à l’abandon. Alors l’influenceuse avance entre les voitures et les maisons. Elle n’entend que les bruits de ses pas contre le sol et son propre souffle qui ne la ramène jamais à la raison. Ses yeux virent et tournent autour des ruelles, elle est seule plantée au milieu des grands couloirs et commence à marcher pour éviter les tourments (la crise existentielle). Sur les pavés, sa couronne de fleur perle quelques petites pétales colorés, Dillon devient le petit poucet.
Ce village lui rappelle sa jeunesse, comme si elle avait déjà feuler la vieillesse. Elle se souvient de l’ennui, elle se souvient de ce sentiment de solitude constant qui n’est jamais vraiment parti. Ça bouffe le bide, c’est un parasite perfide. Peu importe si elle tente de se sauver, elle accumule les crimes. Il lui rappelle qu’elle n’est qu’une imposteur, que ses propres mensonges la déciment.
Dillon commence à chercher, elle veut découvrir si quelqu’un n’est pas aussi piégé dans le même rêve étrange. La rousse s’approche du cœur de la cité, d’une place qui frise la banalité. Elle sort son téléphone, mais dans les campagnes, dans ces villes isolées du reste de l’humanité, il n’est pas toujours facile de capter. Elle lève le bras en l’air, comme si quelque chose allait changer, et pourtant,
pourtant…
rien n’y fait…
Son bras n’est pas une antenne, et même si sa manucure est déformée et allongée, cette technique n’a pas l’air de fonctionner. En conséquence, ses sourcils se froncent : elle est seule, Dillon. Elle n’a plus rien à cacher, Dillon. Alors ses yeux noirs et profonds sur son écran papillonnent.
Il n’y a rien.
L’heure n’est jamais la même.
18h40 au premier regard.
Puis 13h32, quel hasard.
Plus rien n’a de sens.
Elle se sent un peu perdue dans cet espace immense.
Pourtant, elle ne parle pas, elle ne crie pas, elle se contente d’observer :
Il n’y a toujours personne, si ce n’est cette cité décimée.