Ah, te voilà.
Toi avec cette expression si spontanée, ce sourire si précieux, si tendre, si passionné. Toi avec ton regard qui pourrait être à moitié plus terne et qui pourtant brille bien plus que d'autres. Toi, avec ton amour du cinéma. Toi avec le feu qui brûle au fond et qui ne s'éteint jamais, qui se ravive de lui-même et qui ne cessera jamais de brûler.
Qu'elle t'aime, oh qu'elle te chérit.
C'est ce genre de visage qui lui fait parfois avoir le maigre et fragile et fugace petit espoir que peut-être elle fait quelque chose de bien si elle permet aux autres de faire s'embraser l'âtre qui ravage leurs tripes. Elle n'en est pas la raison, mais elle peut s'y réchauffer quelques instants, admirer les flammes réconfortantes. Jamais dangereuses, toujours chaleureuses et bienveillantes. Elle aime les passionnés, Nastia. Elle les trouve brillants, éclatants. Quelque chose de magique, d'éblouissant. Elle trouve ça magnifique. Ce quelque chose qu'elle n'a pas et n'aura jamais. Elle n'a ni passion ni ambition ni prétention. Alors elle admire les autres et elle s'autorise parfois égoïstement à écouter leur sagesse et engouement.
C'est déjà bien plus que suffisant.
Bien trop gourmand.
Et voilà les mots.
Ils coulent à flot et elle sait que si tu pouvais, jamais tu ne t'arrêterais. Elle pourrait t'écouter pendant des heures, si tu savais. Elle pourrait rester à cette table jusqu'à la fermeture du magasin et te dire oh tu m'en diras plus sur le chemin jusqu'à te proposer de venir chez elle et peut-être que vous pourriez passer la nuit à regarder le plafond à élaborer encore ou à regarder une énième oeuvre qui continuerait de te faire briller.
Elle pourrait, oui.
A la place elle se contentera de ce sourire bienveillant et elle peut pas s'en empêcher, c'est plus fort qu'elle.
Aucune honte à ça. Je ne me moquerais jamais.
Elle finit même par avouer avec cet air un peu surpris et gêné, innocente. Repensant à ces images encore engravées dans son esprit. Et y'a ce petit frisson qui la parcourt, comme si elle pouvait voir la vision, maintenant. Sûrement qu'elle n'a toujours pas tous les éléments mais c'est là.
L'émotion.
Le plus important.
Maintenant que tu le dis... Je crois que je vois de quoi tu parles. Ca me fait vraiment mettre en perspective comment j'ai pu percevoir la chose...
Et puis voilà ça dérive.
C'est ça qui est bien avec le cinéma, c'est qu'il y a tellement de profondeurs à analyser, à apprécier, dont on peut s'imbiber, qu'on en finit jamais.
Ah ! Ca, par contre, ça m'a beaucoup touchée. J'ai trouvé la musique absolument brillante. Les thèmes collaient tellement aux scènes, vraiment mémorables aussi... Ca m'a vraiment permis d'être immergée dans l'action et de projeter mes sentiments. C'était incroyable ! J'écoute peu de bandes sons, mais je crois que j'irai peut-être retrouver celle-ci sur internet pour la réécouter...
Elle se surprend elle-même à parler ainsi.
C'est qu'elle connaît si peu mais voilà, on a pas besoin d'être éduqué.e pour ressentir. Il suffit d'avoir un coeur, une sensibilité. Et son coeur est grand, et sa sensibilité si fragile. Alors la voilà bouleversée, et si elle n'a pas les larmes aux yeux, la mélancolie est toujours là à serrer sa poitrine. Elle se projette encore dans ces scènes émouvantes qui font briller son regard hazel. Un petit rire, timide, discret.
Pardon, au final c'est moi qui m'emporte alors que je n'ai pas quelque chose de très constructif à apporter.
Et oh serait-ce une pointe de ce manque de confiance en sa légitimité qui pointe le bout de son nez ? Pourtant elle l'enterre si profondément sous les sourires et les remarques doucereuses qu'on finirait par l'oublier.
Mais elle est toujours là, bien étouffée.
J'aime tellement découvrir de nouveaux films. Même si parfois des choses m'échappent, tu trouves toujours quelque chose qui me parle d'une certaine manière... J'aimerais penser que tu as bon goût, Riley.
Un autre rire, plus jovial, plus pétillant.
Ta passion est contagieuse.
Et c'est une des choses les plus merveilleuses qui soient.