sable
Le Deal du moment : -40%
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + ...
Voir le deal
29.99 €

Page 1 sur 2 1, 2  Suivant

sable
Invité
Invité

Mar 8 Nov 2022 - 10:57

Le parka a du sens dans le contexte d'une guerre.
Il permet de protéger. Amortir les coups. Donner chaud dans le désert le plus froid. Ajouter de l'épaisseur même à la carcasse la plus décharnée. C'est utile.
Et mieux encore : ça cache la couleur la plus laide qui tombe toujours quand il y a la guerre.
C'est sans doute une couleur qui adore voir la violence et qui s'en repaît. Sinon on ne la verrait pas sans arrêt dès que quelqu'un lève le poing. Dès qu'un fragment de shrapnel éclate. C'est presque comme une bête qui se rue pour rejoindre la mêlée, éclabousser tout le monde dans une sainte marée.
Cette bête, tout le monde l'a en soi. Elle est ici, là, cachée sous la peau, à l'intérieur des veines. C'est une bête qui grouille. Que personne n'entend. Qui se tapit là à l'intérieur des nerfs, des tendons, des ligaments. Elle est féroce et agile, mais surtout elle jaillit parfois sans qu'on s'y attende. C'est une bête.
Ce soir la bête a agrippé le t-shirt blanc de Will. La bête est partout sur lui. Elle a coulé comme toute une ruade de chevaux en colère qui glissent sur sa peau. Il en a le museau moucheté de cette couleur carmine, Burgess. L'arête du naseau un peu déplacée. On dit que le corps peut se remettre seul de certaines blessures. À ce qu'on raconte.
En essuyant un peu de ce carmin du revers de la main, il révèle quelques tâches de rousseur encore vibrantes de la bataille. Ces tâches lui confèrent un air candide qui pourraient le rendre appréciable. Jusqu'à ce qu'il ouvre la bouche et qu'on entende sa voix. Jusqu'à ce qu'on entende le son bourdonner de colère. De ses lèvres il n'y a que la colère qui sort. Les autres émotions sont là, quelques part, embourbées au travers de la bête qui a pris un malin plaisir à se nicher dans chaque recoin de ce blondinet au parka orange. Un parka qui jure partout sur cette plage de sable blanc.
L'interminable liseré qui borde la côte, s'étire dans une forme de croissant comme cette péninsule du rêve. Qu'on se le dise : ce sont des conneries. Il n'y a pas de rêve, ici. Seulement le crime distillé dans une pilule.
On peut voir l'empreinte de ses semelles remonter le long du tapis granuleux.
Il y a aussi les vagues. Elles essayent de remonter lentement vers le nord, sans jamais y arriver. Elles finissent toujours par reculer, trop apeurées sans doute de toutes ces lumières artificielles qui grésillent au loin, dans ce cœur de la cité.
Si on plisse un peu les yeux, on se rend compte que le rythme de marche de Will est très faible. Et que ses empreintes dans le sable se rapprochent de plus en plus. Comme quelqu'un qui a de moins en moins la force de faire de grands pas.
Il n'y a personne.
Des dunes qui envoient leurs sédiments plus loin, balayées par le vent marin. Toute cette crête dorée s'aligne un peu plus haut, au milieu des herbes hautes et sèches, qui piquent toujours quand on y fait passer des jambes nues. Mais ça n'arrivera pas à Will et son épiderme trop couvert pour qu'on puisse déceler autre chose que ses deux yeux bleus qui vibrent d'une lumière étrange à cette heure-ci de la nuit.
Maman a arrêté de chercher après lui. Elle le laisse disparaître pendant des heures, parfois des jours, sans se demander depuis combien de temps le lit de son fils est vide. Non, elle laisse ce chat errant s'éteindre dans la nuit, et peut-être qu'il reviendra. Oui, peut-être.
Il fouille dans sa poche immense. Attrape un paquet froissé qui ne ressemble plus à rien.
C'est un paquet de clopes.
Un paquet vide.
Et là, tristesse jaillit. Sa main secoue fébrilement le contenant dépouillé de friandises. Dans l'espoir sans doute d'y entendre se bousculer plusieurs cylindres imaginaires.
Puis balance l'emballage par terre.
Il s'en fout.
Continuer d'avancer. Avancer encore un peu.
Seulement, quand le clair de lune s'extirpe d'un voile de nuages, éclairant sa silhouette orange d'une lueur presque onirique, Will interrompe sa marche mécanique, dressant un œil cerné vers le disque blanc suspendu dans le néant de sa toile opaque.
C'est là que ses genoux ploient. Presque soudainement.
Les guiboles écartées, enfoncées dans les granules tièdes.
Son observation de la toison s'étale quelques minutes. De loin, on dirait un peu qu'il se passe un dialogue entre lui et cette lune silencieuse. Fauve attend son enseignement du soir, avant de se coucher entièrement dans cette étendue de coquillages, poings dans les poches, paupières closes.
Et toujours, de loin, on dirait un peu qu'il dort.
Oui, on dirait.
avatar
Dysnomia Circle
Anastasia Vasilieva
Dysnomia Circle
poisonous
Feat : yuki itose + yubisaki to renren
Pronoms IRP : elle
Âge : 23yo
Occupation : antiquaire & phonos (tueuse en série)
Habitation : sunset coast
Multicomptes : jihoo
Crédit(s) : yomi (riley) & winter & cheshireftw (akira) ♡
Messages : 92

Mar 8 Nov 2022 - 18:59

La nuit la mange.
Elle l'avale avec avarice et gloutonnerie, l'enveloppe dans ses draps nocturnes prête à la faire disparaître, à ne laisser d'elle qu'un maigre souvenir. Et pour une fois, c'est loin des lumières qu'elle disparait. Loin de la musique et de la cacophonie de ceux qui s'abandonnent au rythme de la fin entre quatre murs.
Alcool, dépravés, danseurs et âmes égarées, non il n'y a plus que
Toi.
(Et moi, c'est déjà beaucoup)
Peut-être même un peu trop quand on y pense.

Ses talons résonnent contre l'asphalte.
Sur le bord de la côte, sur le cadavre noir qu'écrasent les gens jour après jours. Elle aurait dû rentrer sans détour.
(Tu devrais faire demi-tour.
C'est dangereux la nuit,
C'est pas fait pour les gentilles filles
Qui sait ce qu'il pourrait t'arriver)
Mais elle est là, Nastia. Et c'est pas ce soir qu'elle sera sage - il n'y a pas que les songes où elle se perd, où elle se plaît à désobéir. Elle aime s'égarer, découvrir cette ville qui la porte depuis trop longtemps et pourtant si peu d'années.

(Et la nuit la mange)
Elle la dévore cru, chasse le peu d'ivresse qui l'enrobe. Délaisse les talons pour les garder du bout des doigts, le sac contenant sa vie pendant de son épaule.
(Et la nuit est un peu drôle)
Car au milieu de l'appendice lunaire se défait une tâche rougeâtre comme si elle était blessée et c'était déversée sur le tableau de sable. Une trace de peinture étalée au pouce dans la blancheur parfaite.
Une rature, une cassure.
Une erreur, une misère.

(Et la nuit vous mange)
Elle embrasse vos deux silhouettes carmines (l'une à la tête et l'autre tout le corps) comme pour dire que les erreurs ne se font pas seules, qu'elles s'accumulent. Et c'est sous le poids des fardeaux qu'il
(Que tu tombes)
Les genoux qui tapent le sol, noyés par le silence du sable (qui aspire tes plaintes, tes cris de détresse) alors qu'elle observe la scène telle la fin d'une heure théâtrale.
(Et la nuit te mange)
La carcasse qui tombe sur la toile immaculée ; le rouge qui vient l'orner. Une couronne de souffrance qu'elle ne distingue que de loin. Et c'est plus fort qu'elle, quand elle te rejoint. Quand elle laisse ses pieds tracer les granules blancs dans un léger frottement apaisant. Jusqu'à ce qu'elle ne soit à portée de ton macchabé. Le sang qui se rejoint sous la lune (et tu en es teinté, presque de moitié - la lune va te manger, t'avaler.)

  Excusez-moi. Je vous ai vu tomber.

Elle a la voix douce, Nastia. Comme une légère brise prête à te caresser la joue, à défaire quelques mèches de ton front. Mais elle reste loin, Nastia. Car après tout elle ne sait pas si elle s'égare contre un navire échoué ou une tempête endiablée.

  Vous allez bien ?

Toujours plus inquiète pour toi que pour sa propre sécurité. Elle est petite, elle est faible, elle est gentille mais un peu trop dévouée. Un peu trop prône à aimer. A vouloir aider. Et c'est pour ça, peut-être, tu vois, que comme trop souvent elle va s'estomper car si ce n'est pas toi, ça sera elle. Sans pitié.
(Car la nuit va la manger.)
Et elle ne peut y échapper.
(La question c'est est-ce qu'elle sera la seule à couler.)
Où est-ce que tu viendras l'accompagner ?
Anastasia Vasilieva
https://desireddreams.forumactif.com/t35-you-re-a-part-of-the-da
poisonous
Feat : yuki itose + yubisaki to renren
Pronoms IRP : elle
Âge : 23yo
Occupation : antiquaire & phonos (tueuse en série)
Habitation : sunset coast
Multicomptes : jihoo
Crédit(s) : yomi (riley) & winter & cheshireftw (akira) ♡
Messages : 92
Invité
Invité

Mar 8 Nov 2022 - 22:24

Le problème du sable c'est qu'il s'infiltre partout dans les moindres coutures dans les moindres recoins dans les moindres ouvertures.
Il se sent déjà s'enliser, Will. S'alourdir sous l'amoncellement des grains qui s'enfoncent en-dessous de lui, créent son propre sarcophage. Et en réalité, disparaître petit à petit sous le regard bienveillant de la lune a quelque chose d'agréable. Voilà, c'est ça, le genre de lit que les félins préfèrent.
Inspire.
Expire.
Vent marin se faufile à l'intérieur de ses naseaux, emplit ses poumons d'un air iodé parfait.
Le sang se met à sécher plus vite avec le vent qui file.
Sa poitrine se soulève avec lenteur. Il a presque chaud. Son parka sa deuxième peau.
Des pas s'amènent, mettent fin à la communion.
C'est une fille.
Ça y ressemble.
Elle a des cheveux rose délicieux et noués dans une habile natte.
Vue comme ça, elle ressemble à ces épouses éplorées qui courent après le mari embarqué sur son navire. Des adieux qui n'étaient pas prévus. Projets avortés. Bordel laissé à la maison. Des enfants à charge, peut-être. Et, forcément, c'est la femme qui se tape tout.
Will la regarde. Il la regarde comme on regarde une vieille série noir et blanc passer à la télé, on le fait avec ce regard pris d'indifférence et de paresse.

Je vous ai vu tomber.
Vous allez bien ?

Son dos s'est redressé, fatalement. Les coudes plantés dans le sable. Le reste du corps est resté allongé, alourdi par un début de sommeil.
Il la regarde.
Et, cette fois, ses yeux se chargent d'électricité, dardant d'un air mauvais celle qui vient d'arriver.

- Tu viens le venger ?

La ride du lion qui creuse un pli là, entre ses sourcils jaunes.

- C'est pas la peine.

C'est là qu'il se redresse, genoux à terre. Sa capuche est tombée dans la manœuvre, révélant sa gueule tachetée d'amarante. Sa crinière emmêlée qui ne s'est jamais pliée sous l'influence du peigne. Et puis surtout, où s'en va cette traînée carmine qui tombe de la lèvre pour s'engouffrer à l'intérieur d'un cou qu'on ne voit même pas avec l'anorak.
Il est encore accroupi. Il adopte une posture de défense. Peut-être qu'on peut encore s'attendre à ce qu'il ne frappe pas.

- T'approche pas ou je te défonce.
avatar
Dysnomia Circle
Anastasia Vasilieva
Dysnomia Circle
poisonous
Feat : yuki itose + yubisaki to renren
Pronoms IRP : elle
Âge : 23yo
Occupation : antiquaire & phonos (tueuse en série)
Habitation : sunset coast
Multicomptes : jihoo
Crédit(s) : yomi (riley) & winter & cheshireftw (akira) ♡
Messages : 92

Mer 9 Nov 2022 - 17:50

T'as la crinière sale de sable et de la vie. Les mèches qui sortent à peine de la capuche quand tu te redresses et un air qu'elle ne peut pas bien voir. T'as l'air de rien, comme ça, mais elle sait bien que ce n'est pas parce qu'on n'a pas l'air de grand chose qu'on n'est pas sans menace.
(Elle en saurait quelque chose.)

T'as pas l'air très grand assis dans le sable comme ça, t'as pas l'air d'un félin aux crocs ensalivés. Mais elle n'est pas dupe, même quand elle croise ce regard las, ce regard des gens fatigués qui ont un peu trop marché.
(Est-ce que c'est pour ça que t'es tombé dans le sable ?)
Ou est-ce que c'est parce que le sable t'as aspiré, comme une force atmosphérique impossible à refrainer ? Mais malgré la gravité tu te mets à pétiller comme le début d'une supernova, de ces explosions à venir qui lui diraient de faire un pas en arrière.
(Mais les explosions elle les trouve belles,
Et elle veut bien que tu l'éblouisses dans sa minute dernière.)

(Tu viens le venger ?)
Elle a le sourcil qui se lève vaguement - elle ne venge pas les gens, Nastia. Elle prend les vies et les rêves et les cauchemars, mais c'est une démarche égoïste.
(Et sinon elle est si douce, personne ne s'en douterait.)
Au bord du sable elle ressemblerait presque à une sirène.
(Jolie, la voix charmante et douce, ce petit truc inexplicable.)
Mais elle n'est pas là pour charmer (de toute façon, ça ne marcherait pas, et elle ne veut pas des choses comme ça) elle s'est juste échouée contre la rive et il se trouve que tu es là.

  Venger ? Venger qui ?

Léger mouvement de tête sur le côté.
Elle ne comprend pas.

  Mais noté. Si je venais pour me venger j'arrêterais mes plans. Même si c'est pas le cas.

C'est qu'elle ne cherche pas le conflit.
(Elle n'a jamais trop aimé la violence.)
Ca ravive les souvenirs et les plaies, les habitudes aussi.
(Et c'est un peu drôle.)
Quand sa vie n'est faite que de bleus et d'ecchymoses.

Enfin les affres tombent sur tes épaules et elle peut admirer la fourrure blonde en pagaille, si peu soignée. La position défensive et le venin dans la mâchoire prête à mordre. Elle devrait se sentir en danger, peut-être.
(T'as l'air prêt à sauter sur ta proie.)
Pourtant elle bouge pas, Nastia. Visiblement pas plus inquiète que ça. Faut dire qu'elle a vu plus féroce que toi (plus menaçant, aussi) et puis elle est un peu trop gentille, Nastia.
(Et peut-être que même si tu la plaquais contre le sable prêt à lui dévorer la jugulaire,
Elle se laisserait faire.)

  D'accord.

Alors qu'elle garde sa distance polie. Ca ne sert à rien de forcer un animal dans ton état. Pourtant derrière les canines elle décerne un peu au loin ce gamin qui sait pas où il va - peut-être que c'est le sang qui lui met la puce à l'oreille. Elle le regarde, le sang. Suit la trace du regard une seconde. Elle en a l'habitude (elle en a les mains pleines) mais voilà il se trouve que
Tu saignes.
Alors ses mains se fourrent dans son sac. Elles se dépêchent et en même temps prennent leur temps (pour ne pas te faire courir, parce qu'elle ne sort rien qui puisse te faire du mal.)

  Je ne vais pas vous toucher mais...

Elle sort un mouchoir en tissu, soigneusement plié. Elle te le tend d'abord, puis elle se dit que ça sera plus simple si elle le pose simplement devant toi. Comme ça, c'est toi qui es en contrôle.
(C'est plus rassurant comme ça, sûrement.)
De croire qu'on fait tout comme un grand.

  Vous devriez essuyer la plaie au moins un peu. Ca a l'air douloureux.

Et ses mains retrouvent ses genoux, sages et dociles.
Le calme, comme le rythme fluide des vagues qui s'écrasent contre la rive non loin de vous.

  J'ai des pansements, aussi.

A défaut de pouvoir tout soigner.
Et ça lui fend un peu le coeur, de voir des gens si jeunes blessés.
(Et elle se demande un peu,
Si le lion est un lion,
Où s'il est plus docile et effrayé qu'il n'y paraît.)
Anastasia Vasilieva
https://desireddreams.forumactif.com/t35-you-re-a-part-of-the-da
poisonous
Feat : yuki itose + yubisaki to renren
Pronoms IRP : elle
Âge : 23yo
Occupation : antiquaire & phonos (tueuse en série)
Habitation : sunset coast
Multicomptes : jihoo
Crédit(s) : yomi (riley) & winter & cheshireftw (akira) ♡
Messages : 92
Invité
Invité

Jeu 10 Nov 2022 - 14:59

Comment ça venger qui ?
Si elle est là, devant lui, c'est bien qu'elle sait.
... Non ?
Le regard de Will se froisse de mécontentement. Le genre qui attend d'être rassasié. Le genre qui démange.
Elle bouge pas. Elle s'éloigne pas non plus. C'est mauvais signe, ça. Vraiment mauvais signe.
Après un certain temps à rester immobile, il y a peu de chance que l'ennemi s'en aille. Soit il continue de rester immobile, soit il avance. Mais la fuite, la peur, c'est elles qui font leur office d'abord. L'instinct est toujours le plus rapide. C'est lui qui prime dans les décisions que prend le cerveau, c'est comme ça.
Mais non. Elle, elle bouge pas.
Ça le déstabilise. Dans sa posture un peu précaire, mi debout, mi assise. Entre chien et loup. Entre homme et bête. Si tant est qu'il ait quelque chose d'un homme. Beaucoup le méprennent pour un gamin. Il a le regard de ceux qui ne se sont pas encore laissés plier par les règles.
Lui aussi, il reste immobile. Mimétisme primaire. Encore un peu et il tournera en rond avec elle.
Quand elle plonge les mains dans son sac, l'urgence d'un danger imminent le fait sursauter. Un peu. Il essaye de rien laisser entrevoir. De pas donner d'indice sur ses propres failles.
De ses poches elle pourrait sortir fourche couteau promesse gant de fer flingue friandise feu d'artifice poussière d'étoile vengeance douceur et mort.
L'attente de voir surgir quelque chose le met en tenaille. Un sentiment bien insupportable pour celui qui ne sait pas encore comment il devrait agir.
Il envisage de bondir sur elle pour noyer sa rage et défaire ces cheveux roses trop bien coiffés.
Il pense aussi à fuir. C'est triste et lâche mais c'est comme ça aussi qu'on fait pour survivre.
Il se dit qu'il pourrait aussi attendre de savoir ce qui va sortir de cette putain de poche pour décider quoi faire.
Après avoir imaginé voir jaillir le poison, l'enfer et les cent-huit péchés de l'homme,
c'est finalement l'étoffe blanche d'un petit mouchoir qui échoue au creux du sable.

Erreur 404.

Que se passe-t-il ?
Qu'est-ce que c'est que ça ?
Vous devriez essuyer la plaie au moins. Ça a l'air douloureux.
J'ai des pansements, aussi.

- Hein ?

Oui, ça lui paraît assez peu approprié.
Toute la peur se fige instantanément. Comme un ballon qui a beaucoup gonflé, mais qui n'a pas éclaté, et qui ne compte pas crever de si tôt. C'est juste que quelque chose retient la fuite, et on ne sait pas si ça tient à grand-chose.
Il opère un geste bref de recul. Incertain.
En fait il sait pas quoi faire.
Est-ce qu'elle se fout de sa gueule ?
C'est jamais arrivé qu'on lui file la soie. Qu'on se préoccupe de sa tronche cabossée.
'Fin elle est pas sa mère quoi.
Alors pourquoi ?
Ha ! Dès qu'il s'agit de communiquer autrement qu'avec des uppercuts, il est perdu William Leor Burgess.
Son manque de vocabulaire ? Non, c'est pas que ça. C'est peut-être un manque de savoir-vivre. À son sens, une main tendue est une main prête à s'abattre. Y a pas de mouchoirs qui tombent des mains, enfin il voit pas pourquoi.

- T'es en train d'te moquer de moi là ??

Donc c'est pour ça qu'il grimace. Qu'il retrousse ses babines, prêt à cracher un sale glaviot rouge.
En fait c'est absolument horrible d'avoir l'impression d'être pris en pitié. Surtout par une inconnue. Surtout.
Et c'est encore plus terrible de pas comprendre c'est quoi, la gentillesse. L'altruisme. Non, comment ça peut être possible ?

- Chuis pas blessé ! Je m'en FOUS ! Reprends ton truc !

On ne le voit pas à l'œil nu, mais c'est comme s'il recevait des attaques en ce moment même.
Il chasse le carré blanc qui s'envole à peine un mètre plus loin. Il a plus aucune force dans les bras, Will.
Et puis il recule. Encore. Le sable l'embourbe un peu. Fatalement le sol le rattrape et l'avale. Il sent qu'il a mal, mais ce qui blesse vraiment c'est ce regard attentif posé sur lui. Un regard qui a l'air de voir autre chose qu'un animal. Est-ce que c'est agréable ? Will ne saurait pas le dire. Et en réalité, il serait incapable de dire que ce qu'il ressent en ce moment a quelque chose à voir avec de la joie.
Dans sa tentative d'installer une distance entre le mouchoir et lui-même, une côte maltraitée le ramène brutalement à la réalité et sa gorge se tord dans un grondement douloureux.
Trop perturbé pour attaquer. Trop perturbé pour fuir.
Trop fatigué pour se battre. Trop fatigué pour dormir.
Inspire.
Expire.
Parfum iodé parfait.
Les vagues qui s'échouent.
La lune qui baille au soleil.
Et elle.
avatar
Dysnomia Circle
Anastasia Vasilieva
Dysnomia Circle
poisonous
Feat : yuki itose + yubisaki to renren
Pronoms IRP : elle
Âge : 23yo
Occupation : antiquaire & phonos (tueuse en série)
Habitation : sunset coast
Multicomptes : jihoo
Crédit(s) : yomi (riley) & winter & cheshireftw (akira) ♡
Messages : 92

Ven 11 Nov 2022 - 9:13

C'est qu'il est sur ses gardes, le lion. Qu'il a les babines féroces, les griffes acérées. Peut-être un brin abîmées, un brin limées. T'as pas vraiment l'air de pouvoir la blesser (pour le moment) sait-on jamais. Et tu sais on dirait pas mais elle comprend.
Au moins ne serait-ce qu'un peu.

Parce qu'on dirait pas, mais elle est passée par là aussi.
Par la violence.
Par ne connaître que ça.
(Sauf que pour une fois,
Elle a toujours pris sans jamais donner.)

Mais elle sait oui, au moins un peu.
La peur, l'appréhension. Les regards qui fixent les sorties, les échappatoires possibles. Jauger l'adversaire au premier regard. Estimer la douleur si ça partait. Ne pas estimer si c'est un danger, juste son ampleur.
(A quel point ça peut me faire du mal ?
A quel point ça peut franchir mes dernières barrières, mes derniers ramparts ?)
Et comment fuir, comment éliminer la menace.
(On dirait pas,
Elle le porte pas,
Mais certains réflexes sont toujours là.)

Mais c'est marrant parce que malgré tout ça, elle est pas préparée à ce genre de rencontres. Parce que même si on comprend, un tout petit peu, on est tous si différents. Alors elle peut pas savoir ce que tu attends, ce qui t'apaiserait, ce qui te ferait du bien. Ce qui baisserait ta garde.
Elle n'attend pas ce genre d'exploit.

Non elle se dit, toujours hypothétiquement que peut-être
Tu rêves un peu de ce dont elle a rêvé aussi.
D'une main tendue
(Jamais trop haute pour ne pas pouvoir s'abaisser,
Jamais trop basse pour ne pas pouvoir trahir.)
Juste là, présente. Prête à être prise sans jamais vaciller.
Immuable.
Ancrée.
(Bienveillante.)
Et peut-être que toi aussi tu rêves de ce qu'elle voulait d'autre et
c'était pas grand chose
ça l'est pas pour tant de gens mais
(de l'attention, de la patience)
pour elle c'était la grâce, tout ce qu'elle n'avait jamais eu.
(Et même aujourd'hui encore, la vie lui en donne avec parcimonie.)
Alors comme toujours elle donne, Nastia.
Elle donne ce qu'on ne lui donne pas.

  Non. Si j'avais envie de me moquer de quelqu'un, je le ferais probablement pas à une heure tardive potentiellement dangereuse sur la plage avec un homme blessé, je dois avouer.

Elle a toujours le ton doux, mais elle dit les choses.
Elle n'est pas faite que de cheveux roussâtres et de dentelle, comme les poupées. Même si ce soir elle est joliment habillée - les affres de la fête. Non, elle a son propre caractère aussi.
(Et puis la violence l'habille toujours,
Mais elle ne dira rien.)

Elle regarde le tissu qui volette sur le sable, un léger "Oh" sortant de ses lèvres spontanément. Elle l'attrape à peine et par habitude et manie le repli soigneusement. Il est dans sa main, toujours là. Tout proche.

  Si tu n'en veux pas, c'est pas grave. Mais si tu changes d'avis, il est toujours là.

(Et elle a envie de dire qu'il le sera toujours.)
Même si le soleil revient, et la nuit s'en va, et toi aussi, et que tu te relèves sans plus jamais penser à elle, des fois elle aura ce petit regard au travers de sa vitrine en se remémorant le lion blessé sur la plage à qui elle a tendu la main quitte à se faire mordre, sans le moindre regret. Et si tu passais le pas de sa porte, peut-être dans deux semaines, ou six mois, ou trois ans, elle aura toujours un mouchoir prêt pour panser les plaies de ce monde un peu trop violent.

Et te voilà à nouveau happé par le sable alors qu'elle finit par s'asseoir dedans, prenant ses aises. Elle ne compte pas vraiment partir (elle tente d'engraver le souvenir) et puis la main est toujours là, tendue.

  Je sais que tu n'as pas mal.

Il le grogne si fort après tout.

  Mais hypothétiquement, si c'était le cas.

Sûrement que c'est plus simple comme ça.

  Je promets que je n'ai pas de mauvaises intentions, aussi douteux cela soit-il. Je veux juste filer un coup de main, même si c'est superficiel. Et même si tu n'as rien demandé. Et même si tu n'as rien à me donner.

De toute façon elle ne veut rien.

  Et si tout aussi hypothétiquement tu venais à me dire ou à penser que je mens et que j'attends forcément quelque chose, ou une opportunité pour t'enfoncer un peu plus, je suis là pour te prouver que t'as tort.

Les jambes allongées dans le sable, les talons posés à côté d'elle, elle pose ses yeux sur toi puis sur le rivage.

  Mais évidemment, tu n'as pas mal.

Personne n'a mal. On est juste endurcis, il paraît.

  Ca tombe bien, j'aime bien la nuit et je n'avais pas envie de rentrer.

Et toi tu n'as pas l'air en état de bouger.
Elle a du temps à donner, la poupée.
Et beaucoup plus têtue qu'on ne pourrait le penser.
Anastasia Vasilieva
https://desireddreams.forumactif.com/t35-you-re-a-part-of-the-da
poisonous
Feat : yuki itose + yubisaki to renren
Pronoms IRP : elle
Âge : 23yo
Occupation : antiquaire & phonos (tueuse en série)
Habitation : sunset coast
Multicomptes : jihoo
Crédit(s) : yomi (riley) & winter & cheshireftw (akira) ♡
Messages : 92
Invité
Invité

Ven 11 Nov 2022 - 14:54

Réfléchissons.
Quelles sont les possibilités, maintenant ?
On ne peut pas fuir. On ne peut pas fuir rapidement, et ça change tout.
On pourrait attaquer. On pourrait. Mais quel effort ce serait à mettre pour renverser ces cheveux roses qui se sont déjà assis sur le sable ?
Tant qu'il y a pas eu menace de mort, c'est pas la peine de s'acharner.
C'est juste une fille.
Y a la pensée primitive qui sort, qui tente de placer le baume à la place du mouchoir.
Si c'est juste une fille elle peut pas faire de mal, non ?
Oui oui. C'est juste une fille.

Il fait l'erreur de laisser ses muscles se détendre un peu. Un tout petit peu. Tellement peu qu'on devrait pas pouvoir le voir, tant qu'il porte son armure orange coupe-vent.
L'été, il fait froid. Y en a qui osent porter rien du tout en haut. Pas lui. Hiver ou printemps, il porte le orange. Il porte la couleur qui l'habillait déjà quand tout se passait encore au Canada. Vous savez, dans la partie où la neige ensevelit tout. Et ça l'a beaucoup perturbé, cet animal, quand la sensation sous ses coussinets est passée de poudreuse à dune.
S'adapter à ce climat tropical qui a tendance à lui brûler la peau. Le parka, c'est aussi une manière de s'abriter du soleil.
Mais ce soir, c'est pour cacher autre chose.
Sous sa peau, le grondement sourd d'une douleur latente. Du combat qui reste.
Il regarde l'inconnue étendre ses jambes, la paire de chaussures délogée.
Elle confirme qu'elle n'est pas venue pour se moquer.
Elle récupère aussi le mouchoir. Ça, Will n'en rate pas une miette. C'est peut-être la chose la plus importante sur cette plage à l'heure actuelle, ce mouchoir.
À plusieurs reprises, elle se sert d'un mot qu'il ne comprend pas.
Pas parce qu'il parle pas la langue, du tout, tout le monde le parle l'anglais ici. Quasiment.
Mais ça l'interroge. Ses pensées dévient. "Qu'est-ce que ça veut dire ?"
Il reste tassé là, dans ce nid de fortune qui a commencé à se creuser sous lui, en réponse à sa détresse muette. Il laisse même le sable recouvrir ses doigts, fourrés sous la couche encore un peu chaude.
C'est doux.
Et un peu douloureux.
Les sédiments raclent contre l'épiderme.
Un peu comme les questions qui germent dans son esprit, et qui le démangent de plus en plus.

- Pourquoi tu pars pas ?

Elle vient de lui dire, mais ça lui convient pas.
Il y a lui.
Ce serait un argument suffisant pour que la plupart des gens s'en aillent.
C'est parce qu'il est abimé ? Qu'il est pas sûr de pouvoir passer à l'offensive ?
Elle a pas l'air assez stupide pour pas sentir le danger.
Alors c'est quoi ?
Il l'observe. La fixe comme une chose étrange, imperceptible. Ses membres qui se rapprochent de lui-même, forment un tout qui ne doit pas dépasser. Les bras noués autour des genoux repliés.
Il y a la mer, le ciel, la lune et le sable, mais c'est elle que Will regarde.
Ses sourcils blonds se redressent. Ride qui disparaît entre les deux.
La truffe planquée dans le croisement de ses bras. Menton qui repose au sommet des rotules.
Toujours, le va-et-vient d'un océan à la couleur qui fonce.
Inspire.
Expire.
C'est son parfum à elle qui embaume désormais.
Le silence.
Le silence, longtemps.
Peut-être cinq, dix minutes. Peut-être une heure.
Avant qu'il n'y ait sa voix qui vienne percuter contre la houle des vagues.

- Ça veut dire quoi, "hypothétiquement" ?
avatar
Dysnomia Circle
Anastasia Vasilieva
Dysnomia Circle
poisonous
Feat : yuki itose + yubisaki to renren
Pronoms IRP : elle
Âge : 23yo
Occupation : antiquaire & phonos (tueuse en série)
Habitation : sunset coast
Multicomptes : jihoo
Crédit(s) : yomi (riley) & winter & cheshireftw (akira) ♡
Messages : 92

Dim 13 Nov 2022 - 1:17

Toujours si peu farouche.
Bien que, non, elle ne perçoit pas ce léger changement de comportement. Ce léger mouvement de posture qui en dit pourtant tant. Certains la diraient insouciante. D'autres inconscientes. La vérité, c'est qu'elle n'a rien à perdre.
On dirait pas
(Y'a beaucoup de choses qu'on dirait pas, avec Nastia)
Mais parfois, voire même souvent, ça lui pèse la poitrine, ça la perce violemment, elle sait mettre les mots dessus même s'ils sont pas très beaux même si ça fait froid dans le dos, c'est la brute vérité qu'elle a envie de crever mais le reste du temps c'est juste

C'est pas qu'elle a envie de mourir,
C'est qu'elle se laisserait bien cesser d'exister.

Alors un danger ou deux ne la feront pas fuir.

Mais là, tu vois, bah elle y pense pas trop. Elle se dit même que la lune est belle, et que la nuit est froide (c'est le printemps il faut dire, et ici le printemps ça annonce la neige) et ça la réveille un peu, ça la fait respirer. Elle espère déjà les flocons sur le bord de plage, comme à la maison. Peut-être qu'un jour vous pourrez vous le dire insouciamment - ah, oui, moi aussi la neige je trouve ça réconfortant. Mais là, c'est le printemps et t'es là, et elle aussi et tu vois
C'est presque un bon moment.
(Et c'est rare, alors elle aimerait bien le faire durer longtemps.)

  Pourquoi je partirais ?

Elle en a pas envie, pas le besoin.
Mais elle est pas bête et elle sait qu'il n'y a rien de plus frustrant que de répondre à une question par une autre.

  Je me sens bien. C'est une nuit sympa. Je suis à la mer. La brise marine me fait du bien.

Le sable qui caresse ses pieds soulagés la ferait presque soupirer.
Elle se sent bien, oui.
Elle se sent exister.

  Et puis... petit à petit, j'apprends que je suis en bonne compagnie.

Y'a pas besoin de se connaître pour s'apprécier.
Nastia en a toujours été persuadée.
(Elle aime bien les gens comme toi,
Les gens un peu amochés.
Elle dira pas que vous êtes pareils,
Mais elle aura l'impression de s'en rapprocher.)
Le silence ne la gêne pas non au contraire elle en profite, ça lui permet de se remettre les idées en place, de laisser l'éthanol s'évaporer de son sang. De profiter des sons de la vie, loin de la foule de la boîte. Elle est aveugle à ta souffrance, pourtant elle s'en préoccupe. Parfois ses doigts serrent un peu le mouchoir. L'envie d'être utile, le besoin d'aider. La sagesse de ne pas forcer.

C'est ta question qui lui fait tourner la tête.
Elle te regarde avec cet air qu'ont les gens un peu surpris - quand on entrouvre à peine les lèvres et qu'on a les sourcils à peine haussés,  quand on a un moment légèrement silencieux. Qu'on cherche ses mots, un peu. C'est compliqué, les mots. Y'en a plein qu'elle connaît pas, autant d'autres qu'elle souhaiterait maîtriser. Puis, elle trouve pas ça stupide. Ca serait ironique, tu vois. T'es jeune, et on apprend toujours. Elle aussi.
(Puis la seule école qu'elle ait jamais eu,
C'est l'école qu'est la vie.
Le lycée, elle en est vite partie.)

  Hypothétiquement... C'est quand on dit "peut-être".

Puis ses lèvres s'étirent dans ce sourire qui lui colle à la peau, dans cette tendresse radieuse qui la caractérise. Dans une bienveillance maladive.

  Mais souvent, c'est qu'au fond on espère un peu.

(Et c'est pas qu'elle espère que t'ait mal,
C'est qu'elle espère que tu le dises,
C'est qu'elle espère que tu veux bien la laisse t'approcher.
Juste un peu, à peine.
Juste de quoi effleurer ton âme.)

  Tu veux bien me dire ton prénom ?

Ca serait le premier pas, qu'elle se dit.

  Moi, c'est Anastasia.

(Et comme ça,
C'est pas beaucoup,
Mais on se connaît un peu toi et moi.)
Anastasia Vasilieva
https://desireddreams.forumactif.com/t35-you-re-a-part-of-the-da
poisonous
Feat : yuki itose + yubisaki to renren
Pronoms IRP : elle
Âge : 23yo
Occupation : antiquaire & phonos (tueuse en série)
Habitation : sunset coast
Multicomptes : jihoo
Crédit(s) : yomi (riley) & winter & cheshireftw (akira) ♡
Messages : 92
Invité
Invité

Jeu 17 Nov 2022 - 17:02

Hypothétiquement c'est peut-être.
Peut-être...
Ah oui ?
Will. Il a le visage qui se tourne vers la fille.
Hypothétiquement.

- Pourquoi tu te casses le cul à dire un mot aussi long ?

On peut voir à son expression que c'est pas moqueur du tout comme ton.
Peut-être qu'elle est en filière de littérature. C'est vrai que dans cette branche, ils adorent utiliser des mots longs et compliqués. Au bout d'un moment ça a fini par donner mal au crâne de Will. On peut dire que c'est une chose qui l'a poussé à arrêter d'aller se rendre jusqu'aux portes de l'amphi. Ça, et d'autres choses. Mais les mots longs et compliqués, c'est un argument suffisant pour arrêter de se lever tous les matins.

- Peut-être, c'est plus simple.

Lui il dit peut-être.
Ses bras se referment un peu plus autour de ses genoux. Il a un petit balancement comme les gamins qui sont en souffrance. À lui, ça lui rappelle un certain confort maternel. C'est pas sa mère qui va le prendre dans ses bras. Et c'est pas Will qui va accepter qu'on l'y prenne non plus. Une caresse sur sa peau c'est une brûlure.
La fille lui dit qu'au fond on espère quand même. Will comprend, et ne comprend pas en même temps. Pourquoi pas dire les choses telles qu'elles sont ? C'est ce qu'il lui répondrait s'il était capable de faire pareil. Dire les choses directement. Sans écart. Mais même pour lui, c'est difficile de dire ce qu'il ressent réellement. Il a pas vraiment les mots pour ça. Pourtant c'est des mots simples, cruellement simples. Mais ils sont à peu près aussi difficiles à sortir que des hypothétiquement.
Maintenant elle lui demande son prénom.
C'est une question très intime qui rend Will silencieux encore plus longtemps que d'habitude. Tellement que finalement on peut se demander s'il a entendu la question.
Le prénom c'est la clé de tout un univers. C'est pour ça que c'est si précieux. On file pas ses clés à n'importe qui. Pour certains c'est facile, et souvent ça implique même que, quelque part, on a un peu envie d'être ami avec l'autre.
Anastasia, c'est sa clé à elle.
Voilà. Maintenant qu'il sait, il ne peut plus l'ignorer. Faire semblant de ne pas avoir entendu. Parce qu'il a déjà trop haussé des sourcils, trop regardé vers Anastasia pour pouvoir prétendre du contraire.
Il est surpris comme si Anastasia venait d'enlever une couche d'habits devant lui. Dans le fond c'est à peu près ça. On se déshabille d'un morceau dès qu'on donne le prénom. Vulnérable une fois.
Est-ce que lui devrait faire pareil ?
Par mimétisme la plupart des êtres humains renvoient le prénom quand l'autre l'a tendu. Une manière facile de se lier. Mais comment on se lie ?
(Le prénom Anastasia continue de tourner en boucle dans sa tête.)
(Il ne comprend toujours pas pourquoi elle le lui a donné.)
(Elle a pas peur qu'il détruise tout ça entre ses mains ?)

- Will.

C'est le début et la moitié d'un prénom. Mais c'est déjà pas mal.
Il regarde droit devant. Le rivage qui s'écrase à l'infini. La nuit qui est tombée définitivement. Soleil disparu derrière la crête des vagues. Une toison noire qui se constelle de points blancs. Et puis toutes les luminescences délirantes d'Oniropolis qui crépitent dans le paysage lointain.  

- C'est Will.

Il répète.
Parce que peut-être qu'elle l'a pas entendu tellement il l'a soufflé bas comme un soupir. Un murmure qui s'est heurté au roulement des vagues.
Un petit peu l'étreinte autour de ses genoux s'est desserrée. Juste un peu. Pas sûr qu'il s'en soit rendu compte lui-même.
Maintenant il peut sentir le froid s'infiltrer à l'intérieur de la parka. Il savait que c'était frais, mais pas à ce point.

- Tu disais que t'étais en bonne compagnie. Mais moi je pense pas que tu le sois.

Ses iris bleus tombent sur Anastasia comme deux icebergs. Il la toise avec cet air dur et amer.
Pendant longtemps, il la toise. Et au moment où une lame de fond se brise contre le récif, sa voix finit par lâcher.

- T'as pas peur ?
avatar
Dysnomia Circle
Anastasia Vasilieva
Dysnomia Circle
poisonous
Feat : yuki itose + yubisaki to renren
Pronoms IRP : elle
Âge : 23yo
Occupation : antiquaire & phonos (tueuse en série)
Habitation : sunset coast
Multicomptes : jihoo
Crédit(s) : yomi (riley) & winter & cheshireftw (akira) ♡
Messages : 92

Mar 22 Nov 2022 - 17:57

Elle se demande si t'es toujours comme ça. Si t'es toujours prêt à jouter à toute heure de la journée. Tu sais, c'est la nuit. C'est là que les gens dorment et que le danger s'assoupit. C'est là qu'on entend la mer sans le bruit des oiseaux ou des gens qui naviguent le sable. C'est là qu'on rencontre l'improbable. Y'en a certains qui disent que c'est là qu'on trouve clémence et repos.
Elle n'y croit pas trop.

Elle sait Nastia que la nuit il fait froid.
Que les courants d'air mangent la peau, et que c'est dans le silence que se tapissent les maux. Que c'est les gens pernicieux qui se frayent un chemin pour profiter des âmes égarées et les blesser. Elle sait qu'au final la nuit c'est peut-être plus dangereux que le jour malgré sa beauté. Elle sait, Nastia. Alors tu vois, tout au fond, elle se demande.

(T'es pas fatigué ?)

Parce qu'à rester sur ses gardes toute la journée, on finit par crever. C'est épuisant. C'est dur. Et tu vois, peut-être qu'au fond, elle a envie de savoir si t'as un lieu où te reposer.
(Et dans son ignorance, elle se dit même qu'elle aimerait bien t'en donner un.)
Elle est simplette comme ça.

  C'est vrai.

Y'a un léger rire qui sort de ses lèvres et on le perdrait dans le chant de la mer.

  Parfois on se prend la tête pour des choses pas si compliquées. Ca devient une habitude.

D'ailleurs y'a des gens qui chercheraient à combler le silence désespérément mais elle non elle se dit que y'a bien assez de bruit comme ça. Que c'est une jolie mélodie qui se suffit. Elle se dit qu'elle est bien, que c'est sincère et peut-être même tu vois elle se dit qu'elle est contente d'être ici plutôt que de s'évader dans les rêves pour réveiller les autres.
Juste ce soir, tout du moins.
Et c'est un peu grâce à toi.

Elle attend même pas une réponse, pour être honnête.
Tu pourrais rien lui dire, te lever et partir, et elle s'en offusquerait pas. Elle attend pas grand chose de toi. Elle donnerait même plus qu'elle n'a à y gagner. C'est toujours pareil, avec Nastia. Elle donne, donne, donne et elle demande jamais rien. Alors avoir demandé ton nom, c'est pire qu'un caprice. Mais elle le fera qu'une fois. Si t'en veux pas de son cirque, et que tu préfères te casser, elle l'acceptera.
Un peu fataliste, on dira.

Alors quand ça sort, elle le manquerait presque.
C'est éclaté contre le remous des vagues et elle retourne son visage sur toi, appréciant la confirmation. Il lui faut une seconde pour enregistrer l'information avec un sourire.

  Will.

C'est doux et sans reproche.
Sans jugement.
Si doux qu'on en crèverait.

  C'est joli, Will.

Elle le retiendra, tu vois. Maintenant t'es plus qu'un petit lion.
T'es Will qui a la crinière en vrac, et le sang aux lèvres, et le reflet de la lune sur la peau, et la voix qui lui rappellera la mer. C'est beaucoup plus concret, comme ça. Beaucoup plus tangible. Ca forme de vrais souvenirs. Et elle se plaira à les chérir. Et c'est Will qui la fixe de ses yeux plus froid que la toundra avec ces airs durs qu'ont les adultes.
(T'es trop jeune pour avoir à porter ça.)
Mais les choses sont comme ça.

  Peur ?

Le mot la surprend comme si l'idée ne l'avait jamais frappée.
Pourtant elle est honnête quand elle répond.

  Peut-être, oui. Peut-être un peu. Hypothétiquement.

Elle se le permet, un brin d'humour qui se lit au coin de son sourire.

  Mais ça fait toujours peur, l'inconnu.

Le danger potentiel, la terreur dans l'estomac.
Tout peut nous blesser.

  Si on s'y frotte pas, on saura jamais ce que ça peut nous apporter. Ca peut être bien, ou ça peut faire mal.

Elle joue avec le mouchoir entre ses doigts.
Il est doux, et maintenant loin du sac il est froid.

  Moi je préfère prendre le risque, histoire de voir. Et si je me trompe, j'aurai appris, et je serai plus sûre la prochaine fois. Peut-être que ça fait de moi une idiote.

Et la voilà qui te sourit.
Toujours, encore, parce qu'elle a l'air sincèrement ravie.

  Ce soir aussi j'ai pris le risque. Et jusque là, j'ai pas de regrets, Will.

Elle a gagné un nom et de la compagnie.
C'est bien plus que ce qu'elle pouvait espérer.
Anastasia Vasilieva
https://desireddreams.forumactif.com/t35-you-re-a-part-of-the-da
poisonous
Feat : yuki itose + yubisaki to renren
Pronoms IRP : elle
Âge : 23yo
Occupation : antiquaire & phonos (tueuse en série)
Habitation : sunset coast
Multicomptes : jihoo
Crédit(s) : yomi (riley) & winter & cheshireftw (akira) ♡
Messages : 92
Contenu sponsorisé

Page 1 sur 2 1, 2  Suivant