A chaque fois qu'elle relevait la tête, un haut-le-cœur l'envahissait durant quelques secondes de silence acide. Elle se rendait compte que sa gorge était sèche et qu'avaler sa salive était douloureux. Le goût dans sa bouche était âcre et lui arrachait une grimace. Cette fois-ci, Astrid réalisa qu'il faisait nuit à travers des grandes fenêtres à la transparence impeccable du bureau, au-delà des arbres en contre-bas, des lampadaires se fondaient dans le feuillage comme des ombres plaquées au sol par la lumière de la ville. La vision renfrogna son visage et l'obligea à se lever et ranger ses affaires.
La nuit condamnait les adultes et son monde en était fait. Elle créait de nouveaux reliefs sur les visages et leurs détails, façonnait des creux béants à la place des cernes, accentuait les rides au coin de ses yeux de son père vieillissant. Elle faisait aussi des adultes des monstres car Astrid, marchant dans la nuit, était ramenée à sa condition d'enfant. Elle se découvrait vulnérable, la tête pleine de cauchemars à partir du moment où elle piétinait le béton - elle éprouvait ses dix-sept ans comme un stigmate au creux de ses paumes. Même en grattant la peau de ses ongles rongés jusqu'au sang, rien y faisait : sa jeunesse demeurait.

Elle détesta cette nuit comme la précédente car elle déformait jusqu'à ses tripes : la ville ne servait qu'à être belle et cette grandeur qui portait les rêves, qui accomplissait son labeur, ne trouva toutefois jamais de sens pour elle. Le sentiment d'extase ne l'atteignait pas car elle n'avait personne avec qui le partager. D'ailleurs, quand elle croisait des groupes d'étudiants (elle reconnaissait une des filles de son cursus, elle en avait été amoureuse pendant au moins deux mois car ses cheveux avaient l'air doux et elle riait à toutes les blagues de ses amis. sûrement se serait-elle amusée des siennes. cela lui avait suffi.), elle ne fut consommée que d'une aigreur envahissante qu'elle ne vocalisait jamais. Et elle ne se reconnaissait pas, car toujours à cause de la nuit, tonitruante, brutale, elle ne pensa qu'à baisser la tête et accélérer le pas en les croisant pour espérer ne pas être reconnue. Honteuse de sa silhouette évasive à cause de ses vêtements devenus difformes par le temps, elle remonta d'un geste nerveux la fermeture de son blouson jusqu'à son menton.

Et dans la nuit, Astrid n'arrivait plus à déterminer les contours de son angoisse - au moins, elle ne se voyait plus non plus - et cela l'empêchait de constater qu'elle grandissait. C'était bien la seule chose qu'elle n'avait jamais appris à faire - grandir.

porte toujours les mêmes vêtements depuis qu'elle a douze ans — elle commence à en avoir honte mais a une fierté déplacée à ne pas être "superficielle comme les autres filles de son âge" — la vérité est qu'elle tente de se maquiller de temps en temps avec une palette offerte par une des exs de son père (et que c'est toujours un carnage) — par fierté, c'est un choix, donc — se rassure en se disant qu'elle est bien plus intelligente que tous les losers de son âge — toutefois les filles bien maquillées ont tendance à faire battre son coeur jusqu'à ce qu'elle en tombe amoureuse — à l'entendre, elle les a toutes embrassées — a des tendances de mythomanie par complexe, elle n'a jamais embrassé de fille — seulement des garçons car elle les trouve bêtes et faciles à manipuler — elle préfère la compagnie des adultes, qu'elle a toujours davantage appréciée car vantée par eux comme "plus mature que les gens de son âge" — mais crave pour l'attention des gens de son âge à qui elle a tendance à imposer sa présence — les ongles rongés — des limites sociales assez floues, parfois ses comportements relèvent du harcèlement par excès — cinglante et très souvent grossière pour se donner un style (ça marche pas, aucune street cred) — déteste qu'on lui fasse remarquer que ses cheveux sont secs — elle a tenté de se les décolorer elle-même et a tout coupé au ciseau dans sa salle de bain en pleurant de rage puis reteint en noir par dessus — se met souvent en danger elle-même par inconscience, notamment en mentant sur son âge pour se faire passer comme plus vieille — seule mais pas solitaire, fait pauvre fille mais son caractère irascible la rend trop désagréable pour qu'elle fasse vraiment pitié.

Avis sur les rêves lucides astrid trouve les technologies développées autour des rêves lucides fascinantes ; les rêves lucides en eux-mêmes l'intéressent moins.
Qualité de sommeil 90%.
Qualité de rêves 30%.
Test de réalité elle utilise le test de réalité du dream connect.
White space son white space ressemble aux bureaux de la hypnos corporation, toutefois sans les détails personnels des autres employés, comme si le lieu n'avait jamais été utilisé.
Alter ego son alter ego a les cheveux plus longs et en meilleure santé, elle porte une blouse et des lunettes.
Particularités aucune.