Donner un sens à ma vie, ça aurait été comme jouer la 5e symphonie de Beethoven avec les ongles sur un tableau.
Musique – Ce qu’il y a de cruel avec les crises de panique et d’anxiété, c’est qu’aucun contrôle n’est possible. Tout n’est qu’une succession de gestes disproportionnés et désordonnés. Les mots sont étouffés, aucun appel à l’aide ne peut être évoqué ; et en cet instant, Akira se sent chaviré. L’attroupement autour de lui rajoute de l’oppression, regain d’émotion, cette fois-ci, c’est la cage thoracique qui est encore plus compressée. Dans sa tête, plusieurs chevauchements de mots s’enchaînent ;
au secours, à l’aide, j’ai mal, j’étouffe, de l’air. Ils se répètent, inlassablement, encore et encore, jusqu’à ce que sa raison dépose les armes, qu’il abandonne le combat. Les paupières sont humidifiées par les sillons de larmes qui ont décidé de s’écouler, lentement, mais sûrement, sur un faciès dépourvu de tout pigment. Blanc comme un linge, faible comme un faon qui vient de naître, incapable de tenir sur ses guiboles.
Puis il y a toi, qui apparaît, transcendant la foule.
L’écartant sur ton passage, vision qui le chamboule.
Quelqu’un qui lui vient finalement en aide, alors qu’une autre personne écarte les importuns. Cependant, le regard d’Akira ne quitte jamais le tien. Car tu es la première à t’être manifesté, comme une entité venue d’ailleurs dans un soyeux voile de volupté. Le poids se défait peu à peu autour de son palpitant étriqué, sa cage thoracique s’abaissant d’un coup dans un soupir prisonnier depuis trop longtemps par l'oppression passé. Tout n’est pas encore gagné, Akira le sait, car dans un parc d’attraction, il y a toujours la foule, toujours le bruit, toujours ce sentiment paranoïaque étrange, de ne pas être à sa place, à découvert, que l’on peut le canarder à chaque instant. Les remembrances se succèdent encore une fois devant sa vision brouillée par les larmes qui ont continué de couler et c’est pourtant le son de ta voix, qui vient l’en délivrer.
Tu lui demandes de faire comme toi
Alors l’homme s’exécute en comptant
En rythme, un, deux puis enfin trois
Et il est content de pouvoir savourer l’instant
Les muscles se détendent, les doigts s’écartent enfin, ses ongles quittant la paume de ses mains ; les tremblements prennent peu à peu fin. Le sillon de ses sanglots est toujours ancré, mais Akira sait que les vannes sont coupées, que ses glandes lacrymales sont asséchées. Avec lenteur, l’homme relève son poignet droit, vient effacer d’abord sa joue gauche, puis l’autre, d’un revers de manche. Sa gorge est toujours serrée, il ressent toujours cette envie de dégobiller, de rendre un petit-déjeuner qu’il n’a pas encore avalé. Toujours accroupi, Akira tente enfin de se redresser, mais non, rien ni fait, alors il retrouve sa position initiale, le regard scrutant les environs.
Je. Une syllabe, qui lui coûte déjà beaucoup d’énergie. Si retrouver sa respiration était déjà ça de prit, parler n’était pas encore possible.
Comment se faire comprendre ? Comment exprimer ce que des mots ne peuvent pas expliquer quand on en est dans l’incapacité ? Ses yeux vont se perdre au fond des tiens, pour ensuite regarder autour, encore, comme du gibier attendant le bruit du coup de fusil, en alerte. Le brouhaha des attractions, les cris d’enfants ; il sent que ça recommence. Devoir faire court, concis, avant que tout reparte à la dérive.
Trop… De… Bruit. Je veux partir d’ici, je veux du calme, je veux pouvoir respirer, je veux que tout s’arrête, je veux pouvoir oublier. Ses iris retombent sur toi, entre en collision avec la droiture des tiennes, le désemparant l’espace de quelques secondes.
Je connais ce regard. Akira ne sait pas ce qu’il croit y lire, il sait juste qu’il le connaît, qu’il en reconnaît une lueur ; qui appartient à l’innocence du passé.
Son regard se fait implorant. Il a besoin d’aide, de ton aide, pour aller ailleurs.
Un sourire naît
Se fane
Et finalement, meurt
Dur est son labeur
D’être un ancien flic rongé par la peur
@Kuragari Mochizuki // je suis désolé pour l'attente bae, j'espère que la réponse te conviendra ;; ♡