comme un garçon de nulle part il s’en va partout trop offert, sa méfiance à néant,
sur les boulevards par exemple : il marche et elle est drôle, la manière dont il marche, sans un regard à ses angles - notamment les plus morts - on dirait presque qu’il ignore ce que les hommes cachent dans les ombres, dedans leurs mains, qu’il peut arriver parfois d’y trouver quelques armes, blanches si ce n’est à feu. il marche, et puis s’en moque. il marche et porte à son visage la mine des insouciants terribles, ces inconscients du mal qui finissent toujours égorgés - très souvent les premiers - il n’y a qu’à voir lorsqu’il s’arrête ;

devant n’importe qui ses lèvres se courbent légèrement, tout de suite, son sourire à l’éther
et derrière, l’ivoire de ses dents deviné c’est le même ivoire qu’à ses côtes - tu comprends ?
c’est comme aussitôt te prouver son squelette à proximité, de tes doigts, de tes crocs - ça c’est bien comme tu préfères toi - à ta portée si tu veux, et si tu veux tu peux, te servir, voire l’ouvrir carrément. à l’intérieur il sera rouge - un rouge lambda - mais peut-être que toi tu pourras rendre son rouge utile, qui sait ?
pas lui. et c’est le souci.

(il ne se l'explique pas - enfin, si, ou alors c'est qu'il est malade - son enfance écoulée paisible jusqu’à ce qu’il cauchemarde son cadavre, une fois, deux fois, dix fois suivies de cent, ah- comment te décrire clairement ? dis-toi qu’il avait sept ans quand il a rêvé qu’il crevait - depuis ne décompte plus les nuits achevées en sursaut - il a rêvé qu’il crevait, et c’était pratique quelque part, tu sais, qu’il crève c’était comme un service rendu : il a rêvé qu’il crevait mais parce qu’il vivait pour cela ! exprès, tu sais ? oh, dis-moi que tu sais…)

si toi tu ne sais pas ça ne fait rien
moi j’irai m’offrir à un.e autre.

existential dread, suicidal thoughts
Zed est persuadé d'exister pour incarner les plot twists, jouer les rebondissements au creux de l'histoire d’autrui, (au bon moment, au bon endroit, quelqu'un supposé surgir à l'esprit comme toutes les jolies évidences) — (malgré que ce soit aberrant le fait d'ignorer qui quand et comment le travaille) (beaucoup) — la croyance irrationnelle à la source de ce qu'il est : tout l’inverse d’un craintif, il ne s'effraie quasi-jamais de l'Inconnu i majuscule, dénué de ces peurs censées fomenter la prudence — du genre à se livrer sans patience, capable de révéler nom, prénom, date de naissance, adresse et même numéro de carte bancaire pour peu que le contexte s'y prête — jusqu'à sa propre porte d'entrée : tourner la clé, quel intérêt ? — sait vite se montrer très avenant, sa bienveillance instantanée, le croiser une minute suffit à mériter son accueil et ses affections assorties — ce n'est pas tant qu'il est naïf ou facilement manipulable - il est au courant pour les monstres - juste qu'il s'en fiche, de son point de vue déformé l'horreur ne le concerne pas — et si son meurtre était commis il hausserait doucement les épaules, convaincu qu'il fallait, rassuré d'être une fin — d'ici là il use de son métier pour tenter de s'augurer seul — peut-être qu’à force de creuser les données Zed se déterrera son fil rouge !

(plus simplement il aime les soirs - en particulier ceux d'orage -
il aime le bleu - plutôt clair un peu électrique - il aime son job et l'encodage, même s'il aime davantage décrypter au contraire, il aime qu'on vienne le cœur léger pour lui remettre des confidences, comme on fait les bouquets de fleur, il aime quand on lui fait confiance, ou non,
quoi qu'il arrive il dit qu'on peut et le pire c'est qu'il ne ment pas,
il aime se sentir salutaire, déteste ne pas savoir pourquoi -
à tel point certains jours qu'il songe et si je mourais
aujourd'hui, pour rien, tant pis -

et s'il ne fait qu'y songer sans l'oser c'est parce qu'il craint d'avoir rêvé
pour de vrai qu'il crevait et tous les rêves sont pour de faux.)

Avis sur les rêves lucidessont tout aussi précieux à ses yeux que les images de chair et d’os - c’est qu’ils sont tellement réalistes ! les siens - au point qu’il se les traite comme s’ils étaient des souvenirs - au fond, qui pour lui prouver ses visions de fiction ? depuis toujours dans son sommeil il croise des portraits familiers, promène parmi des lieux sans s’y perdre du tout, et lorsqu’il en ressort, plus qu’à son esprit les mirages hantent le corps (sur sa langue un goût de cendre, la saveur du fer au palais, et même un peu de plomb entre ses tempes, il croit sentir) ; son opinion gardée pour lui car imagine sinon,
la tête que tu ferais s’il te disait,
tu sais ! j’ai déjà vécu mille vies.
Qualité de sommeil 17%
Qualité de rêves 93%
Test de réalitéil en avait fut un temps, des tests au pluriel, (fendre un ouvrage qu’importe la page pour en lire une phrase, vérifier si les lettres persistent sages à leur place - mirer si l’heure à son poignet s’égrène correctement - fumer une cigarette jusqu’au filtre et si celle-ci brûle à sa bouche c’est qu’elle n’est pas une illusion) ; plus ou moins trois ans désormais qu’aucune mesure ne fonctionne. ne lui reste qu'un essai programmé via le Dream Connect : consiste en un refrain résonnant vague au loin, une sorte de Valse sentimentale, ralentie à l’extrême.
White spacec'était un hall splendide au cœur d'un grand hôtel, après ça une salle bleue circulaire et trempée de pénombre, où des méduses nageaient aux murs, et encore après ça-
il a cessé d'imiter les espaces en mémoire.
à présent, dès lors qu'il s'y rend, sa pièce est un cube aux parois anthracites et toutes couvertes d'écrans en veille, disposés sans dessus dessous, certains même au plafond, et par terre, pas un meuble, mis à part une causeuse et des édredons noyés d'oreillers, en guise de lueurs tamisées des guirlandes s’entremêlent aux LED.
Alter egorien que lui, juste Zed.
Particularitészéro.